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صحابه أجمعين

"Poésie et féminité dans l'expérience spirituelle de Râbi ‘a AL-'ADAWIYYA (m.135H/ 752) »

 

Par Dr. KCHOUK Khedija

 

 

 

Introduction

 

Le sujet de cette étude s’intitule : « Poésie et féminité dans l’expérience spirituelle de Râbi’a AL-ADAWIYYA ».

Pourquoi un tel sujet ?

Par ce que les poétesses sont beaucoup moins nombreuses que les poètes, parce que le discours amoureux de la femme arabe a toujours été un discours plus que discret à travers les siècles passés, et parce que Râbi’a Al-’ADAWIYA est un personnage clé dans la poésie soufie comme l’a prouvé notre deuxième thèse1 d’où est tiré le présent article, pour toutes ces raisons réunies nous avons opté pour ce sujet…

Pour créditer notre analyse, nous nous sommes tenue à mentionner les citations qui ont forgé nos idées, et à signaler en notes de bas de page les sources références des vers cités. Ces citations sont apportées en langue arabe afin de mettre à la disposition du lecteur bilingue la possibilité de vérifier l’exactitude de notre argumentation.

Parce que nous croyons à une fondamentale interaction entre le fond et la forme du texte, que nous sommes convaincue que le « verbe  parle» au-delà des mots, nous avons tenu à transcrire les vers arabes cités dans notre article en lettres latines, même si cela alourdit à bien des égards cette étude,et ceci bien évidemment afin d’apporter au lecteur non-arabophone la possibilité de les « lire » dans sa propre langue et d’apprécier ainsi, au moins, leur sonorité et leur musicalité.

Une traduction personnelle a suivi ces vers pour permettre à ce lecteur d’accéder à la signification de cette poésie. Nous nous sommes ainsi trouvée amener à « traduire » ces vers, bien que nous considérions toute traduction comme une mutilation profonde du texte original. En effet, n’est-il pas dit que « toute traduction est une trahison ? », et ceci en ce qui concerne les textes prosaïques, clairs et bien structurés. Que dire alors lorsqu’on est en présence d’un texte poétique régi par la rime et le rythme, enrichi par les allégories et les hyperboles et appartenant au domaine du soufisme dont les mots ne veulent plus dire ce qu’ils disent généralement et où la politique de l’écrivain est toujours celle de l’arcane ?

Malgré cela nous avons tenu à présenter au lecteur une « approche de traduction ». Nous ne prétendons nullement rendre dans cette approche la beauté originelle de cette poésie, ni son rythme ou sa musique. La tentation de parsemer ces «vers» d’un semblant de rimes ne nous a pas totalement quittée. Il est vrai également que nos textes ne seront pas exemptés de lourdeur et d’artifice, notre recherche d’exactitude et notre détermination à être fidèle à la poésie de Râbi ‘a tant soit peu, nous y menant.

Cependant, trop heureuse, serions-nous, si nous avons pu laisser entrevoir quelque chose de la beauté originale de cette poésie, et si nous avons pu refléter quelques notions de la profondeur de ce qui nous est offert dans la langue arabe.

Biographie de Râbi ‘a

 

Malgré la notoriété de Râbi’a AL-‘ADAWIYYA, les références qui se rapportent à sa biographie sont rarissimes :

En effet, seul Farîd El-dine ‘ATTÂR2 dans son ouvrage « Taḏkiratu al-awliyâ »3(LeMémorial des saints) lui réserve quelques pages parsemées d’une centaine de vers poétiques qu’il lui attribut.

De par la rareté même des renseignements concernant Râbi’a AL-‘ADAWIYYA, l’étude de ‘ATTÂR a été reprise par tous les historiens postérieurs4 et par tous les penseurs, sans exception, s’intéressants à cette poétesse.

La première remarque que soulignent ces différentes études est l’incertitude qui plane sur la vie de Râbi ‘a AL-‘ADAWIYYA puisqu’elle est, une fois, appelée « Râbi ‘a », et d’autre fois « Râi ‘a », la lettre « b » et la lettre « y » s’écrivant en arabe de la même façon, leur seule différence résidant dans un seul point diacritique.

Sa filiation est également sujette au doute : descend-t-elle de la tribu des « BANÎ ‘ADIYY » d’où son surnom d’AL-‘ADAWIYYA, ou bien est-elle de « BANÎ QAYS » et serait-elle « Qaysiyya » ?

Son père s’appelait-il « Isma ‘îl » ou non ? Était-il musulman ou non 5? Était-il un « ‘Adiy », ou bien serait-il un « mawlâ », un vassal de la tribu « AL‘ATÎK » ?

Râbi ‘a était-elle mariée à Rayâḥ AL-QAYSÎ, ou bien s’était-elle vouée au célibat, et n’a-t-elle jamais connu d’époux bien qu’elle ait été demandée en mariage par les hommes les plus éminents de son temps tel que Hassan AL-BAṢRÎ (m 110H/ 728) et le prince de Bassora Abû Sufyân AL-HŠIMÎ ?

Le Lieu de sa naissance est également douteux : certains historiens disent qu’elle est née à Bassora, d’autres affirment qu’elle est native de Damas.

La date de son décès ne fait pas unanimité non plus puisque certains historiens la fixent à l’an 135 H/ 752  , tandis que d’autres la décalent jusqu’en 185H /801. 

L’endroit de sa tombe pose également des doutes : se trouve-elle à Bassora, ou bien est-elle en Palestine ?

Aucune de ces questions n’est susceptible d’une réponse définitive.

Cependant, s’il y a une donnée dont ne doute aucun historien, c’est que Râbi ‘a a vécu durant sa première jeunesse une période de déperdition. Il s’agit de l’époque durant la quelle elle s’est vue réduite à l’esclavage puis à pratiquer le métier de chanteuse dans les tavernes de Bassora.

Quatrième fille dans sa famille, d’où son nom de Râbi ‘a (qui veut dire quatrième en arabe) et de parents extrêmement pauvres mais pieux, son père était passeur et ne possédait qu’une barque qu’il louait aux voyageurs voulant traverser l’estuaire commun du Tigre et de l’Euphrate.

Au décès de leurs parents, les quatre sœurs se séparèrent, et c’est là que Râbi ‘a se trouva seule et sans ressources ...

Jeune fille de grande beauté6, elle s’est faite enlevée par un homme sans scrupules et vendue comme esclave chanteuse pour six Dirhams. Son maître l’obligeant à s’adonner aux bons plaisirs des clients, on imagine bien le genre de vie que Râbi’a ’ a été obligée de mener durant cette période.

C’est paradoxalement cette étape de sa vie qui fera sa célébrité, puisque, rangée par des remords sans fins, Râbi ‘a ne cessera jamais de regretter ses dépravations antérieures et c’est ainsi que le repentir deviendra un des thèmes essentiels dans son opuscule.

Les historiens ne nous apprennent pas grand-chose quant à la durée de cette période de sa vie. Tout ce que l’on sait, c’est que son maître finit un jour par l’affranchir.

A propos de cet affranchissement, on rapporte qu’une nuit, l’entendant parler à quelqu’un, et voulant voir avec qui elle était, il entra dans sa chambre et vit prés de sa tête une sorte de lanterne lumineuse ou de nimbe. La trouvant seule, il comprit alors qu’elle s’adressait à Dieu dans ses monologues. Sur ce, pris d’admiration et de pitié pour elle, il l’affranchit et lui proposa de rester sous son toit ou de partir. C’est là que Râbi ‘a quitta sa demeure.

Mais pour subvenir à ses propres besoins, elle se trouva encore une fois contrainte à travailler dans les tavernes de Bassora en pratiquant ce qu’elle faisait le mieux : la musique et les chants. Elle n’était donc pas aux termes de ses malheurs malgré son affranchissement.Elle exerça alors encore une fois le métier de chanteuse et de joueuse de flûte7, mais pour son propre compte cette fois-ci. A cette période et d’après ses propres témoignages, nulle autre chanteuse n’était aussi écoutée qu’elle, et nulle autre esclave n’était mieux appréciée qu’elle.

Femme à fenêtre ouverte sur la musique et sur les plaisirs charnels, Râbi ‘a aurait sombrée dans la débauche la plus extrême, et c’est là qu’elle aurait accumulé une grande fortune.

Nous ignorons avec précision combien de temps a duré cette étape de sa vie, et nous ignorons également ce qui la fait changer : était-ce le repentir et l’aspiration à une vie ascétique loin de toute luxure et de toute débauche ? Etait-ce un chagrin d’amour qui la poussa à se détourner de toute la vie matérielle et de tous les plaisirs terrestres ? Quoi qu’il en soit, ce dont on est sûr c’est que Râbi ‘a finit par se repentir et par se détourner de son ancienne vie. Délaissant richesse et fortune, elle se cloîtra dès lors dans une petite chaumière loin de la ville et de la société.

Cependant, même si les informations précises concernant les différentes périodes de la vie de Râbi ‘a nous font fâcheusement défaut, nous pouvons nous rapporter sur sa poésie pour faire une esquisse de sa biographie et pour tracer son cheminement spirituel.

Quel était donc le cheminement de cette purification tant espérée ?

De prime abord, Râbi’a est connue pour sa poésie chantant son amour pour Dieu. C’est un fait établi. Mais l’analyse de ses poèmes peut nous révéler que cet amour a été le couronnement final de son cheminement spirituel. Elle n’y a pas accédé sans terribles efforts, ni malheureux culbutements. En effet, L’analyse de sa poésie nous révèle que Râbi ‘a a connu trois étapes successives dans cette ascension : une étape avant cet amour qu’elle verra plus tard comme une période de déperdition totale, celle de la quête de la purification, et enfin celle de l’accomplissement et de son ascension à l’intimité avec son Adoré, intimité qu’elle appellera « Ḫulla ».

La période de l’inconduite ou les raisons du remord 

 

Comme mentionné supra, nous savons peu de choses sur cette époque de la vie de Râbi ‘a. Néanmoins, nous avons une parole de Râbi ‘a qui nous fait également soupçonner le genre de vie qu’elle a forcément mené surtout en tant que belle et jeune chanteuse.

Il lui suffit donc de se rappeler la morale que lui avait autrefois inculquée son père pour réaliser sa dramatique déchéance…

En effet, il semblerait que celui-ci était un homme d’une grande piété. ‘ATTÂR rapporte que la nuit de la naissance de Râbi ‘a, son épouse lui demanda d’aller emprunter à ses voisins quelques bandelettes de tissu pour emmailloter la nouveau-née, et un peu d’huile pour allumer leur unique lanterne. Honteux de s’adresser à n’importe quel être humain, il revient chez lui bredouille. En rêve, il verra alors le Prophète lui faire la prémonition que sa fille sera une grande sainte. Le Prophète lui conseilla également de s’adresser au maire de Bassora ‘Îsâ ZÂDHÂN pour lui demander une aide financière en guise de repentir pour avoir oublier de lui adresser des salutations. Apprenant cela, l’Emir de Bassora récompensa largement le père de Râbi ‘a 8.

C’est donc dans une telle famille qu’elle aurait grandie. Eduquée par un tel père, Râbi ‘a ne pouvait certes tout oublier de sa première enfance.

Elle ne pourra donc que ressentir les remords les plus pressants pour ses aventures sulfureuses. Parmi les vers qu’elle affectionnait précisément durant cette époque :

بالله يا ريح الصبامري على تلك الربى

وبلغي رسالتيبنصها أهل قبا

واحربا ، وهل يردفائتا واحربا"9

«Bi Allâhi yâ rîha al-ṣabâ

Murrî ‘alâ tilka al-rubâ

Wa balliġî risâlatî

Bi naṣṣihâ ahla qibâ

Wa ḥaraban wa hal yaruddu

Fâitan wa ḥarabâ?»

 

« Par ALLAH, ô brise du matin, passe à proximité de ces prairies,

Aux habitants de Qibâ, rapporte mon message abouti.

Ô malheur, les remords peuvent-ils nous faire remonter le temps et dissiper nos algies?»

 

C’est durant cette période que Râbi’a aurait connu l’amour. Désespérément amoureuse d’un homme de son entourage, Râbi’a lui dédia ses premiers poèmes.

Bien qu’elle n’ait faite aucune description physique de cet homme, elle nous donne néanmoins quelques informations quant à son statut social : nous savons qu’il était homme à perpétuels voyages. D. BADAWÎ présume qu’il devait faire partie du cercle social de Râbi ‘a. Quant à elle, elle nous parle des cadeaux qu’il lui offrait :

 

" كم بدت منة وكم لك عنديمن عطاء ونعمة وأيادي"10

 

«Kam badat minnatun wa kam laka ‘indî

Min ‘aṭâin wa ni’matin wa ayâdî»

 

« Tant de grâces à moi dispensées !

Tant d’avantages et tant de présents !

Et avec autant de dons, tu m’as toujours comblée ! »11

 

D. BADAWÎ suppose que cet homme était probablement un artiste chanteur comme Râbi ‘a s’exécutant dans diverses villes, d’où ses interminables déplacements. Râbi ‘a nous révèle que, par amour pour lui, elle s’obligeait à le suivre dans ses voyages. Elle nous murmure les désagréments d’une telle vie, allant à l’encontre de toute stabilité et de tout repos recherchés généralement par les femmes. Elle dit :

" أنت لولاك يا حياتي وأنسيما تشتتُ في فسيح البلاد"12

« Anta lawlâka yâ ḥayatî wa unsî

Mâ tašat-tattu fî fasîḥi al-bilâdî »

 

« Sans toi, ô ma vie, ô mon intimité,

Je ne me serais jamais, dans les confins du pays, hasardée. »

 

Mais malgré les innombrables sacrifices de Râbi’a, cet homme reste insensible à son amour.  Râbi’a se voit alors obligée de lui déclarer sa passion :

" سيدي قد ذاب قلبي في هواكلا تدعني إن دائي ذو خطر"13

«Sayyidî qad ḏâba qalbî fî hawâk

Lâ tada’nî inna dâî ḏû ḥaṭar»

 

« Ô mon maître, ton amour me fond le cœur,

Ne me délaisse pas,

Le drame de mon affection est d’une grande ampleur ».

 

Elle lui explique la gêne qu’elle ressent en sa présence par l’amour qu’elle lui affectionne :

" هجت نار الحب في وجنتنالن لنا قلبا قسيا كالحجر"14

«Hijta nâra al-ḥubbi fi wajnatinâ

Lin lanâ qalban qasiyyan ka al-ḥajar»

 

« Tu as attisé les feux de l’amour dans nos visages,

Que Ton cœur de roc ait pitié de nous, et ne soit ni dur ni volage ».

 

Négligeant son amour propre et sa fierté, Râbi’a le supplie de daigner la regarder :

" أرجع النظرة فينا مقبلالا تركنا كهشيم المحتضر"15

«Arji ‘in-naẓrata fînâ muqbilan

Lâ taraknâ ka haš-imi al-muḥtaḍir »

 

« Tourne-toi vers nous, et regarde-nous comme nous te regardons,

Ne nous délaisse pas, tel un feu de brindilles agonisant ».

 

Mais indifférent qu’il était, les souffrances de Râbi’a ne le touchent points. Râbi’a le trouve alors tellement impassible, qu’elle finit par le surnommé « l’homme au cœur froid » :

"يا خليّ البال قد (حارت)16الفكرصم عن غيرك سمعي والبصر"17

 

«Yâ ḫaliyya al-bâli qad ḥârat al-fikar

Ṣumma ‘an ġayrika sam’î wa al-baṣar»

 

« Ô toi, l’homme au cœur froid,

Tu me plonge dans un tel désarroi !

Sache que je ne vois,

Ni n’écoute que toi. »

 

Pour sa grande peine, cet homme finit par s’attendrir, mais il s’éprend d’une autre femme qu’elle. Râbi’a ne peut alors que pleurer son sort et se comparer à cette autre personne : elle se trouve la plus fidèle, mais la moins aimée, la plus véridique, mais la moins appréciée :

" وإن مدت الأيدي إليهم بحاجةيدي دون أيديهم ترد إلى نحري

بلا جهة من غير أني أحبهموداد غنى لا عن تملقة الفقر"18

«Wa in muddat al-aydî ilayhim bi ḥâjatin

Yadî dûna aydîhim turraddû ilâ naḥrî

Bi la jihatin min ġayri annî uḥibbuhum

Widâda ġinan lâ ‘an tamalliqati al-faqrî»

 

« Si des mains se tendent vers lui, seules les miennes au refus se destinent.

Or mon affection est désintéressée et m’est, en réalité, anodine.

  Ne commettant aucune faute, si ce n’est l’amour que j’ai pour lui,

Amour spontané, car je suis dans l’abondance et bien épanouie »

 

Prise de pitié pour elle-même, Râbi’a nous décrit alors ses propres malheurs. Elle se rappelle que, bien des fois, elle est allée vers cet homme, et bien des fois, il l’a méprisée et repoussée :

" فكم جئتهم حبا لهم وكرامةوكم رفضوني في الشدائد والغمر"19

 

«Fa kam jiatuhum ḥubban lahum wa karâmatan

Wa kam rafaḍûnî fiš-šadâidi wa al-ġamrî»

 

« Par amour et par respect, je me suis tournée vers eux, tant de fois !

Mais que de fois,

Ils m’ont repoussée et m’ont plongée dans l’émoi

Et dans un total désarroi !»

 

Elle nous décrit son affliction en se lamentant :

"فكم من بليات أرى من جفائهموكم من مصيبات يقل لها صبري"20

«Fa kam min baliyyâtin arâ min jafâihim

Wa kam min muṣîbâtin yaqillu lahâ ṣabrî»

 

« Que de tragédies je vie par leur rupture et par leur absence !

Que de catastrophes me faisant perdre toute patience ! »21

 

Seule et délaissée, Râbi ‘a n’a donc que ses souvenirs pour se consoler. Elle se les remémore et s’y voit lorsqu’elle n’était pas encore amoureuse de cet homme : c’était l’époque du bon vieux temps, l’époque où elle était honorée et fortunée, libre de son cœur et de ses agissements. Mais depuis cet amour, la voici désormais discréditée. Tel était l’impact de cet homme sur sa vie :

"يهينونني كالقاف حين تنزلتوكنت كالباء المرفع في الحفر"22

«Yuhînûnanî ka al-qâfi ḥîna tanazzalat

Wa kuntu ka al-bâi al-muraffa’i fi al-ḥafrîr»

 

«Ils me rabaissent comme le Qâf23 qu’on dessine sous la ligne,

Moi qui, d’habitude comme le haut Bâ culmine.»

 

Râbi’a se détourne là de son prestige. Elle abandonne ses anciennes activités et elle se détourne de ses adeptes. Son amour lui a donc tout fait perdre, et il continu à l’avilir :

"تلامذتي إن(يسألوني)24عبارةلكـثـــرة أشجـانـي أجـيــب بلا أدري

وكنت في غور من العلم خائضةخوض الحضيض لوجه الدر في البحر"25

«Talâmiḏatî in yasalûnî ‘ibâratan

Li kaṯrati ašjânî ujîbu bi lâ adrî

Wa kuntu fî ġawrin mina al-‘ilmi ḫâiḍa

Ḫawḍa al-ḥaḍîḍi li wajhi ld-durri f î al-baḥrî »

 

« D’accablement, à toutes les questions de mes adeptes je réponds par « je ne sais … »

Moi qui ramassais les perles de la connaissance,

Et qui, dans les sciences autrefois excellait. »

 

Même les personnes les plus proches d’elle, lui sont désormais devenues étrangères :

" أبيت وأمسي بين أهلي غريبةودار أبي لي صار كالبدو في القفر"26

«Abîtu wa umsî bayna ahlî ġarîbatan

Wa dâru abî lî ṣâra ka al-badwi fi al-qafri »

 

« Je passe nuits et soirées étrangère aux miens et abattue,

La demeure de mon propre père m’est désormais inconnue.

Telle une terre lointaine et désertique, elle m’est devenue ».

 

Avec une telle passion, la vie de Râbi’a tourne autour de cet amour. Il fait désormais son malheur et son bonheur, ses rires et ses pleurs. Dans des moments de révoltes internes, Râbi’a s’indigne de sa propre détresse :

" ضجت النفس من الموت أسىقلتها كوني كمن يهوى السفر"27

«Ḍajjat al-nafsu mina al-mawti asâ

Qultuhâ kûnî kaman yahwâ al-safar

«A mon âme tourmentée par la mort et par le malheur,

Je lui conseille l’attitude d’un éternel voyageur ».

 

Mais c’est un conseil qui se fait dans la douleur la plus extrême. Aussi pleure-t-elle son désespoir et nous décrit-elle ses interminables pleurs :

" ألا يا نديمي خلني في غلا صدريألم تر سيل الدمع من مقلتي يجري"28

«Alâ yâ nadîmî ḥallinî fî ġalâ ṣadrî

A lam tara sayla al-dam ‘i min muqlatî yajrî? »

 

« Ô mon compagnon, laisse moi avec mes afflictions,

Ne vois tu pas les larmes couler de mes yeux en effusion ? »29

 

Elle nous décrit les interminables journées durant les quelles elle ne fait que penser à cet homme, et elle nous dépeint ses incalculables nuits d’insomnies et de tourmentes :

" فكم من نهار ما تفرغت ساعةوكم من ليال ما رقدت إلى الفجر"30

« Fa kam min nahârin mâ tafarraġtu sâ ‘atan

Wa kam min layâlin mâ raqadtu ilâ al-fajrî »

 

« Que de jours, de son souvenir, je n’étais point désœuvrée !

Que de nuits, avant l’aube, je ne me suis point couchée ! »

 

" وإني بحمد الله ذات استطاعةولكن من هجرانهم كسروا ظهري"31

« Wa innî bi hamdi al-Lâhi ḏâtu is-tiṭâ ‘atin

Wa lâkinnahum min hijrânihim kasarû ẓahrî »

 

«Bien que je sois, grâce à Allâh, dans l’aisance,

Par leur rupture, ils m’ont brisé l’échine.

Ne commettant aucune faute, si ce n’est l’amour que je leur voue, et étant dans l’abondance,

Mon affection pour eux, est désintéressée et m’est, en réalité, anodine ».

 

S’apitoyant sur son propre sort, elle s’invente même le surnom de « malheureuse » :

" لداهيتي سميت نفسي حزينةسموم بليات أذوق مدى دهري"32

«Lidâhiyatî sammaytu nafsî hazînatan

Sumûma baliyyâtin aḏûqu madâ dahrî »

 

« Pour mon drame, « de malheureuse » je me suis surnommée,

Ma vie durant, je ne goûte qu’au breuvage des catastrophes empoisonné ».

 

Convaincue de sa détresse infinie, Râbi’a finit par réaliser que seule la mort peut lui apporter un quelconque soulagement :

" ليس ينجيني من الغم سوىأجل جاء وأمر قد قدر"33

«Laysa yunjînî mina al-ġammi siwâ

Ajalin jâa wa amrin qad qudir»

 

« Seule la mort venant, et une fin prescrite,

Me sauvera de cette triste mélancolie subite ».

 

Elle se tourne alors vers son Seigneur pour épancher sa peine :

" إلى الله أشكو ما أرى من أحبتيليالي تمضي في الكآبة بالسهر"34

«Ilâ al-lâhi aškû mâ arâ min ahibbatî

Layâliya tamḍî fî al-ka-âbati bi al-saharî»

 

« A ALLAH, je me plains de ce que me fait subir mon amour,

Dans la tristesse et l’insomnie, je passe mes nuits et mes jours35 ».

En dernier recours, et comme solution finale, Râbi ‘a, complétement désarmée, ne peut donc que se remettre à Dieu pour la guérir d’un tel malheur et pour lui faire oublier un amour aussi désastreux :

" فربي كفيل في الأمور جميعهاعليه توكلت وفوضته أمري"36

« Fa rabbî kafîlun fî al-umûri jamî ‘ihâ

Alayhi tawakkaltu wa fawwaḍtuhu amrî »

 

« Mon Seigneur, de toute chose, est garant.

Vers Lui je me rabats, et, je Lui confis mon existence dûment ».

 

C’est à ce niveau de ses souffrances que Râbi’a finit par accéder à la deuxième étape vers la purification, à l’étape du revirement et du retournement intérieur.

La période du revirement ou la quête de la purification

 

Cette période commence lorsque Râbi’a découvre une vérité qui lui a toujours été jusque là inconnue : il s’agit de la fugacité de l’existence humaine, et que son ancien amour n’est en réalité qu’une subversion spirituelle. Elle réalise alors que la vie d’ici-bas est éphémère :

" إنما فيها نزلنا عابرينليست الدنيا لنا دار مقر"37

«Innamâ fîhâ nazalnâ ‘abirîn

Laysat al-dâru lanâ dâra maqar »

 

« Nous ne sommes sur cette terre que des passagers mortels,

La vie en ce bas monde n’étant point éternelle.»

 

Elle reconnaît avec amertume que sa propre existence se consumera inévitablement un jour, elle se tient alors le monologue suivant : 

" مضت الناس على قنطرةأنت تمضين عليها بحذر" 38

« Maḍat al-nâsu ‘alâ qinṭaratin

Anti tamḍîna ‘alayhâ bi ḥaḍar »

 

« Les humains ont traversés un pont,

Que, malgré tes craintes, tu traverseras pareillement ».

 

Elle entrevoit clairement le jour de sa propre mort, et se désole de ne pouvoir s’y soustraire :

" لا مناص اليوم مما نزلتفتنادين بها أين المفر"39

 

« Lâ manâṣa al-yawma mimmâ nazalat

Fa tunâdayna bihâ ayna al-mafar ? »

 

« Désormais, aujourd’hui aucune fuite ne te sera probable,

Bientôt tu t écriras : « Y aurait-il une dérobade envisageable ? »

 

Une telle prise de conscience ne peut qu’inciter Râbi’a à se détourner de la vie matérielle. Elle se met alors à réfléchir sur ce qui pourrait éventuellement la sauver. Elle conclue que seules les sages réflexions peuvent lui apporter un quelconque salut. Aussi se conseille-t-elle d’acquérir la « Hikma » c’est-à-dire la « Sagesse » :

" فامسكي بالعروة الوثقى التي إن تمسكت بها تلقي الظفر"40

« Famsikî bi al-‘urwati al-uṯqâ allatî

In tamassaktî bihâ talqay al-ẓafar »

 

« Alors accroches-toi à la voie fiable,

C’est elle pardi, qui te sauvera ! »

 

Puis elle se tourne vers les autres personnes et leur conseille vivement :

" ورحل بهذي الدار وابغ (منزلا)41رفيعا وسيعا زاكيا ذا تسدد"42

« Waraḥḥil bihâḏî al-dâri wabġî manzilan

Rafî ‘an wasî ‘an zâkiyan ḏâ tasaddudî »

 

« Quittez ces demeures et cherchez vous une résidence

Haute et spacieuse, inaltérable et sans concupiscence ».

 

Cette progression sur la voie de la sagesse s’est faite progressivement. Durant ce cheminement, Râbi’a se verra hésitante entre sa vie sociale et sa vie spirituelle. Elle s’efforcera à vivre encore parmi les hommes, mais elle entamera désormais une ascension qui la mènera loin d’eux. Son interlocuteur n’est plus son ancien amoureux, il est d’ores et déjà le Divin :

" إني جعلتك في الفؤاد محدثيوأبحت جسمي من أراد جلوسي

فالجسم مني للجليس مؤانسوحبيب قلبي في الفؤاد أنيسي"43

 

«Innî ja’altuka fî al-fuâdi muḥaddiṯî

Wa abaḥtu jismî man arâda julûsî

Fa al-jismu minnî li al-jalîsi muânisun

Wa ḥabîbu qalbî fî al-fuâdi anîsî »

 

« J’ai fais de Toi le confident de mon cœur,

Et j’ai mis mon corps à la disposition des dialogueurs.

Mon corps est ainsi agréable à celui qui l’effleure,

Mais mon unique compagnon, est l’Amant de mon cœur ».

 

Depuis, Râbi’a prend conscience de la Beauté Divine et se prosterne devant son Seigneur :

" يا عاذلي إني أحب جماله تالله ما أذني لعذلك سامعة"44

 

« Yâ ‘âḏilî innî uḥibbu jamâlahu

Tâ al-lâhi mâ uḏnî li ‘aḏlika sâmi’â »

 

 

« Ô toi qui me réprimande ! J’aime Sa Beauté,

Par ALLAH, mon oreille de tes dires est bien abritée ».

 

 

Râbi’a prend également conscience de ses égarements passés. Elle ne peut que se repentir, et c’est ainsi que commencent ses longues lamentations et ses interminables pleurs. Implorant le pardon de son Seigneur, elle parle désormais de sa passion pour Lui :

" كم بت من حرقي و فرط تعلقيأجري عيونا من عيوني الدامعة

لا عبرتي ترقى و لا وصلي لهيبقى و لا عيني القريحة هاجعة"45

« Kam bittu min ḥarqî wa farṭi ta ‘alluqî

Ujrî ‘uyûnan min ‘uyûnî al-dâmi ‘â

Lâ ‘abratî tarqâ wa lâ waṣlî lahû

Yabqâ wa lâ ‘aynî al-qarîḥatu hâji ‘â »

 

« Pour ma flamme et mon obsession de Lui,

J’ai fais coulé des torrents de larmes, bien des nuits.

Mais mes larmes ne remontent jamais à Lui,

Ni ne perdurent mon union avec Lui,

Ni n’apaisent mes yeux affaiblis.»

 

C’est donc honteuse de ses inconduites passées qu’elle s’adresse à Dieu, en espérant Son ultime pardon :

" يا حبيب القلب ما لي سواكفارحم اليوم مذنبا قد أتاك "46 

« Yâ ḥabîba al-qalbi mâ lî siwâka

Farḥam al-yawma muḏniban qad atâkâ »

 

« Ô aimé de mon cœur, je n’ai que Toi !

Aie pitié, en ce jour, du pécheur qui vient vers Toi. »

 

Dans cette démarche, Râbi’a implore l’indulgence divine en affirmant que, d’ores et déjà, seul Dieu est le sujet de sa dévotion :

" يا رجائي وسروريقد أبى القلب أن يحب سواك "47

« Yâ rajâ-î wa surûrî

Qad abâ al-qalbu an yuḥibba siwâkâ »

 

« Ô mon espoir, mon ultime joie,

Mon cœur ne veut désormais aimer que Toi ! »

 

Elle se consacre alors à la pratique dévotionnelle et aux invocations. Elle se convainc elle-même que c’est là la seule et unique voie du salut. Ecoutons là se dire :

" صلاتك نور والعباد رقودونومك ضد للصلاة عنيد

وعمرك غنم إن عقلت و مهلةيسير و يفنى دائما ويبيد "48

« Ṣalâtuki nûrun wa al-‘ibâdu ruqudû

Wa nawmuki ḍiddun li al-ṣalâti ‘anîdû

Wa ‘umruki ġunmun in ‘aqalti wa muhlatun

Yasîru wa yafnâ dâiman wa yabîdû »

 

« Ta prière lorsque dorment les gens est pure lumière,

Ton sommeil est en opposition avec ta prière.

Ta vie est une chance, si tu en prends conscience,

Or elle s’écoule indéniablement, et s’anéantit sans résistance. »

 

C’est durant cette étape de son cheminement spirituel que Râbi’a connaitra la peur de l’au-delà. Consciente que la fin de la vie terrestre n’est nullement une véritable fin, que la mort n’est en réalité qu’une ouverture sur l’au-delà, un tournant décisif certes, mais un passage qui entamera une nouvelle existence, elle témoigne alors que l’aboutissement de l’existence :

" إما إلى جنات وصل دائماأو نار صد للقلوب ملازمه "49

 

« Immâ ilâ jannâti waṣlin dâimâ

Aw nâri ṣaddin li al-qulûbi mulâzimâ »

 

« C’est vers le paradis de l’Union éternelle,

Ou vers les feux de la rupture brûlant les cœurs par une usure intemporelle.»

 

 

Hantée par la mort inévitable, elle ne peut que se lamenter sur son sort si Dieu ne lui accorde pas Son pardon :

" إن أمت وجدا و ما ثم رضىواعنائي في الورى واشقوتي"50

« In amut wajdan wa mâ ṯamma riḍâ

Wâ ‘anâ-î fî al-warâ wâ šiqwatî ! »

 

« Si je meurs d’affection sans qu’Il soit satisfait de moi,

Comme il sera malheureux mon séjour parmi les créatures,

Comme il constituera ma détresse et mon désarroi ! »

 

Ses journées et ses nuits seront alors hantées par la peur de l’enfer et des feux de la Géhenne :

" و زادي قليل ما أراه مبلغيأ للزاد أبكي أم لطول مسافتي

أتحرقني بالنار يا غاية المنىفأين رجائي فيك أين مخافتي"51

 

« Wa zâdî qalîlun mâ arâhu muballiġî

A li al-zâdi abkî am li ṭûli masâfatî ? »

 

« Modeste et incapable de me mener au terme, est mon viatique.

Est-ce à cause de lui que je pleure, ou de la longueur de mon chemin ?

Me brûleras-tu de Ton feu, Ô but ultime de mon désir édénique ?

Où serait donc mon espoir ? Mon effroi serait-il donc anodin ? »

 

C’est là que Râbi’a entamera la troisième étape de son ascension :

La période de l’unification ou les conséquences de l’épuration

 

C’est l’étape de l’embellissement. Désormais, à ce niveau de son cheminement, Râbi’a ne chantera plus que son unique passion, toute peur des feux de l’enfer et tout espoir du paradis s’estompent. Rien n’existe plus en dehors de son seul et unique espoir : celui de se consumer d’amour pour Dieu :

" حبك الآن بغيتي و نعيميو جلاء لعين قلبي الصادي"52

« Hubbuka al-âna buġyatî wa na ‘îmî

Wa jalâun li ‘ayni qalbiya al-ṣâdî »

 

« Désormais, Ton Amour est maintenant mon espoir et mon bonheur,

C’est la lumière de mon cœur assoiffé.».

 

C’est un Amour éternel qui ne connaîtra plus de fin :

"ليس لي عنك ما حييت براحأنت مني ممكن في السواد "53 

« Laysa lî ‘anka mâ ḥayîtu barâḥun

Anta minnî mumakkanun fî al-sawâdî »

 

« Aussi longtemps que je vivrai, de Toi je ne m’éloignerai.

Du tréfonds de mon âme, Tu es le seul Maître adoré. ».

 

Seul l’agrément Divin constitue sa propre félicité et son ultime bonheur :

" إن تكن راضيا عني فإنييا منى قلبي قد بدا إسعادي"54

 

« In takun râḍiyan ‘annî fa innî

Yâ munâ qalbî qad badâ is ‘âdî »

 

« Et s’il advient que Tu m’agrée,

Ô désir de mon cœur,

Je ne connaîtrais, alors que le bonheur.».

 

Assurément, à ce niveau de son ascension spirituelle la réalité existe encore pour Râbi’a bien qu’elle la dénigre et la méprise. Cette existence se manifeste dans toutes les créatures qui l’entourent. Il est vrai que Râbi’a ne leur accorde aucune importance, mais il est également vrai qu’elle leur reconnaît une existence réelle et propre à elles. C’est ce que nous pouvons déceler à partir des trois vers suivants dans les quels Râbi’a s’adresse directement à Dieu et Lui avoue sa passion pour Lui :

" فليتك تحلو والحياة مريرةوليتك ترضى والأنام غضاب

وليت الذي بيني وبينك عامروبيني وبين العالمين خراب

إذا صح منك الود فالكل هينوكل الذي فوق التراب تراب"55 

« Fa laytaka taḥlû wa al-ḥayâtu marîratun

Wa laytaka tarḍâ wa al-anâmu ġiḍâbû

Wa layta al-laḏî baynî wa baynika ‘âmirun

Wa baynî wa bayna al-‘âlamîna ḫarâbû

Iḏâ ṣaḥḥa minka al-widdu fa al-kullu hayyinu

Wa kullu al-laḏî fawqa at-turâbi turâbû »

 

« Ah si Tu t’adoucis, même si l’existence s’endurcit !

Si Tu m’agrée, même si les gens me disqualifient !

Ah s’il se consolide, ce qui nous unit !

Même si se délabre, ce qui, à tous les humains me lit !

Si Ton amitié pour moi est sincère,

Toue autre chose me sera alors dérision et chimère.

Tout ce qui est sur terre n’étant, en réalité, que poussière. »

 

Mais cette réalité finit par se dissiper. Cette évanescence nous la percevons dès que Râbi’a nous révèle qu’elle ne voit plus autour d’elle que le Divin, mais elle avoue également que cette présence est difficilement décelable, puisqu’elle ne peut en jouir que si elle est seule et livrée à elle-même. C’est donc dans une solitude honnie et souhaitée que Râbi’a finira par découvrir une intimité :

" راحتي يا إخوتي في خلوتيو حبيبي دائما في حضرتي"56

« Râḥatî yâ iḫwatî fî ḥalwatî

Wa habîbî dâiman fî ḥaḍratî »

 

« Ma paix, Ô mes frères, est dans ma récollection et dans ma retraite,

Car mon Bien-Aimé s’y manifeste et s’y reflète ».

 

Râbi ‘a reconnaît que ces moments d’illumination ne sont points le fruit de ses propres actions adoratives. Ils sont les bienfaits de son Dieu, de Celui qui, par une infinie miséricorde daigne par moment se dévoiler à elle :

 

"أحبك حبين حب الهوىوحــبــــا لأنـك أهل لـذاك
فأماالذى هو حب الهوىفشغلي بذكرك عمن سواك
وأما الذى أنت أهل لهفكشفك لي الحجب حتي أراك
فلا الحمد في ذا ولاذاك ليولكن لك الحمد في ذا وذاك"57

« Uḥibbuka ḥubbayni ḥubba al-hawâ

Wa ḥubban li annaka ahlun liḏâkâ

Famâ al-ḥamdu fî ḏâ wa lâ ḏâka lî

Wa lâkin laka al-ḥamdu fî ḏâ wa ḏâkâ »

 

« De deux amours je T’aime : d’un amour passionnel et d’un amour qui T’est dû, 

L’amour passionnel me fait oublier tout ce qui n’est pas Toi.

L’amour qui T’est dû, pour que je Te perçoive Te dévoile à moi.

Que je ne sois, ni pour l’un ni pour l’autre, louée

Mais pour l’un et pour l’autre, louanges à Toi. »

On s’en doute bien que, suite à ce « kašf » ou illumination, toute l’existence matérielle autour de Râbi’a finit par se dissiper :

  • Ainsi Son propre passé n’est plus, la voici donc lavée de tous ses péchés antérieurs. Désormais, à partir de cette époque, elle passera outre de tout remord et de tout regret. Elle n’éprouvera même plus le besoin de se repentir des ses égards de conduite passés. A cette étape de la vie de Râbi’a, « Al-istiġfâr » (le repentir) n’a plus le moindre droit de cité. Maintes fois, elle affirme que le simple fait de demander pardon à Dieu, nécessite en lui-même le repentir et elle explique que l’authenticité du repentir exige que l’on oublie même la faute à se faire pardonner. Si l’on s’en souvient, c’est qu’elle est toujours présente à l’esprit, et qu’elle a toujours un certain impact sur le cœur.

  • Le présent n’existe plus, tous les êtres humains et tout ce qui n’est pas Dieu disparaît, la société humaine s’estompe d’elle-même. Il ne reste plus de Râbi’a qu’un corps vacillant et frêle, et c’est justement là que réside son malheur : que ne donnerait-elle alors pour se débarrasser de ce corps encombrant qui lui pèse ? Convaincue qu’elle ne peut connaître le bonheur tant que son corps existe, Râbi’a pleure alors à cause de ce corps :

"من ذاق حبك لا يزال متيمافرح الفؤاد متيـمـــا بلبـــــــــــالا

من ذاق حبك لا يرى متبسمامن طول حزن في الحشا إشعالا"58

 

« Man ḏâqa ḥubbaka lâ yazâlu mutayyaman

Fariḥa al-fuâdi mutayyaman balbâlâ

Man ḏâqa ḥubbaka lâ yurâ mutabassiman

Min ṭûli ḥuznin fî al-ḥašâ iš ‘âlâ »

 

« Celui qui goûte à Ton amour,

Sera à jamais dans la passion.

Son cœur léger bâtera toujours,

Par Ton amour dans l’affliction.

Celui qui goûte à Ton amour,

Ne se verra jamais sourire.

Sa flamme ravivant ses longues tristesses,

Son cœur alors, vers les pires tourments, chavire.»

 

  • L’avenir métaphysique n’a plus d’importance pour elle. Râbi’a dépasse ici sa peur des feux de l’enfer et elle méprise les délices du paradis. Seul l’Amour du Divin lui importe. Elle reconnaît là sa singularité par rapport aux autres humains et elle s’en réjouit :

" كلهم يعبدون من خوف نارويرون النجاة حظا جزيلا

أو أن يسكنوا الجنان فيحظوابقصور ويشربوا سلسبيلا

ليس لي في الجنان والنار حظأنا لا أبتغي بحبي بديلا"59

 

« Kulluhum ya ‘budûna min ḥawfi nârin

Wa yarawna al-najâta ḥaẓẓan jazîlâ

Aw an yaskunû al-jinâna fa yaḥẓaw

Bi quṣûrin wa yašrabû al-Salsabîlâ

Laysa lî fî al-jinâni wa al-nâri ḥaẓẓun

Anâ lâ abġî bi ḥubbî badîlâ »

 

« Tous T’adorent par crainte de l’enfer,

Et considèrent le salut comme une chance inouïe.

Ou ils T’adorent pour qu’au paradis ils adhérent,

Se désaltèrent à « Salsabîlâ »60, et habitent des châteaux pardi.

Moi, je n’ai droit ni à l’enfer,

Ni même au paradis béni.

Seul ton Amour j’espère,

Et il constitue mon ultime envie. »

 

Désormais, à ce stade de son cheminement sur la voie, Râbi ‘a ne pense plus qu’à se soumettre à la volonté de Son Seigneur. Elle s’épure de tout ce qui n’est pas le Divin, et conseille vivement cette épuration à tous ceux qui prétendent aimer Dieu :

" تعصى الإله وأنت تظهر حبههذا لعمري في القياس بديع

لو كان حبك صادقا لأطعتهإن المحب لمن يحب مطيع"61

 

« Ta ‘ṣâ al-ilâha wa anta tuẓhiru ḥubbahu

Hâḏâ la ‘amrî fî al-qiyâsi badî ‘u

Law kâna ḥubbuka ṣâdiqan laaṭa ‘tahu

Inna al-muhibba li man yuhibbu muṭî ‘û »

 

« Tu désobéis à Dieu en étalant ton affection pour Lui,

Ceci est, en réalité contradictoire.

Si ton amour était sincère pour Lui,

Sa volonté, non la tienne, sera péremptoire.

De l’individualité, l’amour, n’est-il pas abrogatoire ?»

 

En se soumettant donc à la volonté divine, Râbi ‘a reconnaît de prime abord qu’elle a sa propre volonté qui peut ne pas correspondre forcément à celle de Dieu, mais elle reconnaît également qu’elle se doit d’accepter la volonté divine et d’en faire sienne. Mais cette même reconnaissance implique qu’à ce stade de son cheminement spirituel, Râbi ‘a est toujours au niveau de la dualité d’existence puisqu’elle reconnaît l’existence du Créateur d’une part, mais également l’existence des créatures d’autre part.

L’ascension de Râbi ‘a commence lorsqu’elle se rapproche davantage du sujet de sa dévotion. Pour ce, elle dénigre désormais en elle-même tout ce qui n’est pas Lui :

" حبيب ليس يعدله حبيبو لا لسواه في قلبي نصيب"62

« Habîbun laysa ya ‘diluhu habîb

Wa lâ li siwâhu fî qalbî naṣîb »

« Un amant que nul autre n’égalise,

Sur mon cœur, aucune autre personne n’ayant d’emprise ».

 

De son champ de vision, elle s’efforce par la suite d’éliminer tout ce qui n’est pas Lui :

" حبيب غاب عن بصري وشخصيو لكن في فؤادي ما يغيب"63

« Habîbbun ġâba ‘an baṣarî wa šaḥṣî

Wa lâkin fî fu-âdî mâ yaġîb »

 

« Un Amant qui se dérobe à ma personne et à ma vision,

Mais, avec mon cœur, il fait toujours jonction. »

 

Ainsi se dissipe la dualité entre créatures et Créateur : c’est l’étape de la « Ḥulla » que Râbi’a décrit comme suit :

" حيثما كنت أشاهد حسنهفهو محرابي إليه قبلتي"64

« Ḥayṯumâ kuntu ušâhidu husnahu

Fahwa miḥrâbî ilayhi qiblatî »

 

« Où que je sois, je ne fais que contempler Sa Magnificence.

Il est mon « Mihrâb »65et ma « Qibla »66,

Et c’est à Lui que je fais vœux d’allégeance. »

 

 

 

C’est à ce stade de son cheminement spirituel que la manifestation de son Dieu finit par se révéler à elle. Râbi ‘a accède à la jonction intime avec son Adoré. Il est alors partout, mais également en elle :

"تخللتَ مسلك الروح منيو به سمي الخليل خليلا

فإذا ما نطقت كنت حديثيو إذا ما سكتُّ كنت الغليلا"67

« Taḫallalta maslaka al-rûḥi minnî

Wa bi hi summiya al-ḫalîlu ḫalîlâ

Fa iḏâ mâ naṭaqtu kunta ḥadîṯî

Wa iḏâ ma sakattu kunta al-ġalîlâ »

 

« Tu es à l’essence de mon âme,

Pour ce, on Te surnomme mon âme.

Si je parle, Tu es ma conversation,

Si je me tais, Tu es mon aspiration.»

 

Aussi perçoit-elle cette jonction comme une réalité authentique, et comme un fait incontestablement établi. Râbi ‘a se convainc que cette perception de sa part n’est point une idée subjective ou une pensée erronée, puisqu’elle est également perçue par les autres hommes, ceux qui ne voient plus en Râbi ‘a que la manifestation de la présence divine. Elle écrit :

"فإذا نُظِرت فلا أُرى إلا لهوإذا حضرت فلا أُرى إلا معه"68

« Fa iḏâ nuẓirtu fa lâ urâ illâ lahû

Wa iḏâ ḥaḍartu fa lâ urâ illâ ma ‘ah »

 

« Quand on m’aperçoit, on ne me voit qu’occupée par Lui.

Quand j’apparais, on ne me voit qu’avec Lui. »

 

Aussi cette jonction lui assure-t-elle une certaine sérénité. Cependant cette quiétude n’est point dépourvue d’une quelconque anxiété puisqu’elle implique un très grand risque, celui de s’exposer à la désapprobation des musulmans sunnites et de braver leur mécontentement, ceux-ci considérant cette prétention de faire jonction avec Dieu comme une véritable hérésie susceptible de mise à mort. Vu la nature donc et l’intensité de sa passion, Râbi ‘a se voit contrainte de s’en cacher d’une part pour la préserver, et d’autre part pour se préserver, de peur des représailles. Pour ce, et par crainte d’encourir le blâme et même pire, elle adopte la politique de l’arcane en admettant que sa croyance est périlleuse. Elle concède :

" أصبحت صبا و لا أقول بمنخوفا لمن لا يخاف من أحد

إذا تفكرت في هواي لهلمست رأسي هل طار عن جسدي" 69

« Aṣbaḥtu ṣabban wa lâ aqûlu biman

Ḥawfan liman lâ yaḥâfu min aḥadî

Iḏâ tafakkartu fî hawâyâ lahu

Lamastu raasî hal ṭâra ‘an jasadî ? »

 

« Je me suis prise d’affection pour Quelqu’un.

Que, par peur de ceux qui ne craignent personne,

Je ne nommerai point.

Chaque fois que je pense à mon affection pour mon Aimé

Je palpe ma tête : ne suis-je pas décapitée ? »70

 

Mais au-delà de cette étape de sa vie, Râbi ‘a ne dissimulera plus ses convictions religieuses. Elle sera même proclamée pionnière de cette nouvelle tendance dans la poésie soufie, à savoir l’exaltation de son Amour pour le Divin. Râbi ‘a admet que, bien d’autres personnes avant elle ont bel et bien empruntés cette même voie spirituelle, qu’ils y ont connu bonheur et heurs sans pouvoir jamais se décider à s’y soustraire. Aussi s’apitoie-t-elle sur leurs sorts dramatiques :

" وا رحمتا للعاشقين قلوبهمفي تيه ميدان المحبة هائمه

قامت قيامة عشقهم فنفوسهمأبدا على قدم التذلل قائمه"71

 

« Wâ raḥmatan li al-‘âšiqîna qulûbuhum

Fî tayhi maydâni al-maḥabbati hâimah

Qâmat qiyâmatu ‘išqihim fa nufûsuhum

Abadan ‘alâ qadami al-taḏalluli qâimah»

 

« Miséricorde aux amants,

Leurs cœurs sont, dans le désert de l’amour perdus.

A la résurrection de leur passion,

Leurs cœurs sont toujours asservis »

 

Grâce à cette « Ḥulla », Râbi’a peut prétendre au Salut éternel. Elle envisage mal que Dieu puisse la punir pour ses péchés, elle qui croit en Sa miséricorde infinie et qui appréhende Ses châtiments. Aussi cette jonction lui assure-t-elle une certaine sérénité.

Conclusion

 

En conclusion, notons que, idyllique ou moralisante , la poésie de Râbi’a a contribué à modeler l’image d’une poésie amoureuse soufie. Elle a instauré les trois étapes de l’ascension. Ces étapes mêmes qui seront postérieurement promulguées par les plus célébres soufis tel que Abd Al-Qâdir JÎLÂNÎ72 et ABU DAQQÂQ73, bien que ce dernier leur donne d’autres noms à savoir la « Tawba », la «  Inâba » et la « Awba » .

Pour essayer de représenter le cheminement spirituel de Râbi ‘a sur cette voie soufie, nous proposons le schéma suivant dans lequel se succèdent les grandes étapes de sa vie avec ses aspirations et ses espoirs, avec ses craintes et ses désespoirs …

 

 

Représentation schématique de l’expérience poétique de Râbi ‘a Al‘Adawiyya

 

 

 

Néanmoins, il nous semble légitime de nous poser la question quant à son statut de poétesse chantant un amour divin, amour qui la qualifiera de « Imâmat al-‘âšiqîn » c’est-à dire « l’imam des amoureux de Dieu »…

Dans sa communauté musulmane est-ce-que Râbi ‘a était révérée comme une sainte, ou bien au contraire était-elle considérée comme une hérétique ?

La réponse à cette question nécessite la lecture de sa poésie d’un point de vue religieux en nous référant à la religion musulmane telle qu’elle a été révélée au Prophète Muḥammad et non pas telle qu’elle a été perçue par les soufis…

La « relecture » de la poésie de Râbi’a nous révèle une importante altération dans sa foi et dans sa vision du Divin du moment qu’elle Le considère comme pouvant se manifester dans Ses créatures…Elle-même d’ailleurs craignait, comme mentionné supra, que cette vision ne provoque sa mise à mort dans la communauté sunnite pour hérésie, l’Islam s’opposant fondamentalement à toute ambiguïté ou « fluctuation » entre Créateur et créatures, refusant toute amphibologie de discours et tout monisme.

Par ailleurs, le dénigrement du « repentir » de la part de Râbi’a est également condamnable du point de vue islamique puisque le Prophète lui-même et malgré son haut rang et son unique statut parmi toutes les autres créatures ne cesse jamais, toute sa vie durant, d’invoquer le pardon de Dieu74

Le mépris du paradis et la peur des feux de l’enfer que prêche Râbi’a est une pure attitude subjective de sa part, frisant la « Bid ‘a » c’est-à-dire « l’innovation condamnable » en Islam, puisque le texte coranique lui-même ne cesse d’inciter tous les êtres humains à craindre la Géhenne, et de tout faire dans l’espoir d’accéder au paradis…

Râbi’a serait-elle donc plus « musulmane » que le Prophète lui-même, et plus sagace que Dieu lui-même ? Cela ne peut-être en aucune manière…

Malgré ceci et cela, et jouissant d’une certaine indulgence, expliquée peut-être par le spectaculaire revirement qu’elle a vécu en se détournant complétement de son ancienne vie de fille de joie, Râbi’a est considérée comme étant une femme à destin unique, une femme intrigante suscitant le respect et le doute, la prohibition et l’envie…

Telle était donc Râbi ‘a AL ‘ADAWIYYA et telle est son image de nos jours…

Entre la personne et le personnage, les critiques, les historiens et mêmes les cinéastes continuent à entretenir son mythe tel que nous le voyons dans la séquence dédiée à sa vie disponible au lien:

http://www.youtube.com/watch?v=piW9f1iJMnQ

 

 

Liste bibliographique

 

  1. ATTÂR (Farîd El-dine): « Taḏkiratu al-awliyâ ». Nicholson. Londres. éd. Leiden 1905

  2. AL- ḤAFNÎ ( D.Abd Al-Muamin) : « Imâmatu-‘âšiqîn wal-maḥzûnîn Râbi’a Al-’adawiyya » ; Le Caire Dâr Ar-rašâd 2éme éd. 1996

  3. AL- ḤASSÛN (Muḥammad) et MAŠKÛR (Om ‘Alî) : « A’lâm an-nisâ al-muaminât ». Iran Dar Al-uswa liṭ-ṭibâ’a wan-našr

  4. AL-JABR (Muwaffaq Fawzi) : « Dîwân Râbi’a Al-’ADAWIYYA wa aḫbâruhâ ». Syrie. Dâr Ma’d liṭ-ṭibâ’a wan-našr éd.1999

  5. ANNESTAY(Jean) : « Une femme soufie en Islâm : Râbi ‘a Al-‘Adawiyya ». Paris. Éditions ENTRELACS, 2009 

  6. BADAWI (D. ‘Abd Al-raḥmân) : « Šahîdatu al-‘išq al-ilâhî, Râbi’a Al-‘adawiyya » Le Caire .Maktabatu an-nahḍ al-miṣriyya 1962

  7. DURÛZAH (D. Afnân Naẓîr) : « Râbi’a Al-adawiyya aš-šâ’ira al-‘âbida al-mutaṣawwifa » Muntadayât Dar-al-Îmân au : http://www.daraleman.org/forum

  8. Encyclopédie de l’Islam : « Râbi ‘a al-adawiyya al-qaysiyya » K.V.ZETTERSTEEN. Leiden

  9. FAWWÂZ (Zaynab) «  Âd-dur al-manṯûr fî ṭabaqât rabbât al-ḫudûr ». Al-Miškât al-islâmiyyaau: http://www.4shared.com/zip/gXXBfc-G/-.html

  10. ĠARÎB  (Maamûn):  « Râbi’al-adawiyya fi miḥrâb al-ḥubb al-ilâhî »Le Caire Dâr Ġarîb 2000

  11. SMITH (Margaret):  « Râbi’ah al-adawiyyah and her fellow saints in islam  » Cambridge . University Press 1928

 

Table des matières

 

 

 

 

1 Dont le titre est « L’héritage du soufisme sur la poétique arabe contemporaine » , disponible au lien :

http://tel.archives-ouvertes.fr/docs/00/76/25/84/PDF/kchouk_khedija_2012_ed520.pdf

 

 

2 (m.589H/ 1193)

 

3 Nicholson 1/59-61. Ed. Leiden Londres 1905

 

4 Tel que Lisân Al-dîn IBN AL-ḪAṬÎB (713-776H/1313-1374) dans : « « Rawḍatu-at-ta’rîf bil-ḥubb aš-šarîf », AL-QUŠAYRÎ (376- 465H)/ dans « Al-risâla »

 

5 Cette question a été soulevée par D. BADAWÎ dans son ouvrage sur Râbi ‘a p 11.

 

6 Al-YÂFI ‘Y : « Rawḍ al-ṣâliḥîn » p 361 d’après D. NAŠŠAR Ali Samî dans son ouvrage « Našat al-fikr al-falsafî fil Islâm ». Egypte éd. Dâr al-ma ‘ârif , 1980 , p. 200.

 

7 Voir ‘ATTÂR :  Taḥkiratu al-awliyâ , p. 8

 

8 ‘ATTÂR :  Taḥkiratu al-awliyâ , p. 82-83.

 

9 Ibn Al-Ḥaṭîb : Rawḍatu al-ta ‘rîf bi al-ḥubb al-šarîf, Dar al-fikr al-‘arabî. p. 148,

 

 

10 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al- ‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 77.

 

11 Idem.

 

12 Ibid. p. 76.

 

13 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât, Iran, Dar Al-uswa liṭ-ṭibâ’a wan-našr. Document version informatique sous le lien : http://www.kadmoos.com/vb/showthread.php?t=9501

 

14 Ibid

 

15 Ibid.

 

16 Dans le receuil : « حرت ».

 

17 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât

 

18 Ibid.

 

19 Ibid.

 

20. Al-Ḥassûn (Muḥammad et Maškûr (Um ‘Alî : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât.

 

21 Idem

 

22 Ibid

 

23 A la fin du mot la lettre du « Qâf » s’écrit incurvée sous la ligne, tandis que le «  » s’écrit droite et toujours sur la ligne.

 

24 Dans le texte original « تسألني »

 

25 Ibid.

 

26 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât

 

27 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât

 

28 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât

 

29 Idem

 

30 Ibid.

 

31Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât.

 

32 Ibid.

 

33 Ibid.

 

34 Ibid.

 

35 Idem

 

36 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât.

 

37 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât.

 

38Ibid.

 

39 Ibid.

 

40 Ibid

 

41 Dans le texte original « منازلا ».

 

42 Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî) : A ‘lâm al- nisâ al-muaminât.

 

43 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p 78-79.

 

44 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 80.

 

45 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 80.

 

46Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 82.

 

47Ibid. p.82.

 

48Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî): Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 78.

 

49Al-Ḥassûn (Muḥammad) et Maškûr (Um ‘Alî): A ‘lâm al-nisâ al-muaminât.

 

50Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyyawa aḫbâruhâ, p. 75.

 

51Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî): Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 75-76.

 

52.Ibid. p.77

 

53. Ibid .

 

54Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî): Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p.77.

 

55Ibid. p. 73-74. Il est à signaler que ces mêmes vers sont attribués à Abî Firâs Al-Ḥimdânî (320-357H) / (932-968).

 

56 Fawwâz (Zeynab) : Al-dur al-manṯûr fi ṭabaqâti rabbât al-ḫudûr, p. 277.

 

57 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 81.

 

58 Ḥafnî : Imâmatu al-‘âšiqîn, p 134.

 

59 Al-Qarḍâwî (Yûsuf) : “Al-taṣawwuf bayna mâdiḥîh wa qâdiḥîh”, disponible au lien : http://www.qaradawi.net/library/50/2420.html

 

60 Il s’agit d’une source d’eau paradisiaque dans la religion musulmane

 

61 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 79.

 

62 Al-Jabr (Muwaffiq Fawzî) : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p. 73.

 

63 Ibid.

 

64 Ibid. p. 75.

 

65 Nom donné à la voûte dans les mosquées où se tient l’Imâm pour diriger la prière.

 

66 C’est la direction de la Mecque vers où l’on se tourne pour faire la prière.

 

67 Al-Jabr Muwaffiq Fawzî : Diwân Râbi ‘a Al-‘Adawiyya wa aḫbâruhâ, p 83.

 

68 Ibid.p. 80.

 

69 Ibid.p 77- 78.

 

70 Littéralement : « Ne s’est-elle point envolée ? ».

 

71 Ibid. p 80.

 

72 (470-561H) / (1077-1165) .Michon : « Le soufi marocain Ahmed Ibn ‘Ajîba et son mi’râj » Paris 1973 p183

 

73 …-406H) / (…- 1015). D. BADAWI : « Imâmatu al-‘âšiqîn » p 99

 

74 « Ḥadîṯ » rapporté par Muslim dans son « Ṣaḥîḥ » n° 2702.